Écoutez votre corps
La plupart des patients qui ont des problèmes chroniques de l’appareil locomoteur se font dire « écoutez votre corps ». On les incite à croire que cela les aidera à se sentir mieux. Lorsqu’ils suivent cette recommandation, la douleur ne diminue toutefois pas habituellement et leur état ne s’améliore pas.
Au début, le patient essaie de « se reposer » pour se rétablir d’une blessure ou des sensations de douleur et de fatigue. Il s’agit d’une réponse appropriée, mais pendant quelques jours seulement, selon les chercheurs. Ce que la recherche n’explique pas, c’est pourquoi, dans certains cas, la douleur ou la fatigue demeure tellement intense ni quand on sait que l’on peut recommencer à bouger sans danger.
De plus, on adopte souvent le dicton « pas de progrès sans douleur » dans les sports. Or, appliqué par les patients, ce dicton entraîne habituellement une aggravation de la douleur et une diminution de fonction.
Si le repos n’est pas recommandé et si l’exercice intense n’aide pas, qu’est-ce que le patient peut faire?
Il faut d’abord comprendre qu’après trois mois, les muscles, les os, les ligaments et les tendons sont guéris. Il n’est pas dangereux pour le processus de guérison de commencer à bouger.
Il faut ensuite appliquer les principes physiologiques fondamentaux du conditionnement physique, ce qui favorise les améliorations plus rapides que le simple fait « d’écouter son corps ».
Principe 1 :
Il ne faut tolérer aucune douleur accrue pendant l’entraînement physique. Une douleur qui s’intensifie signifie qu’il y a quelque chose que vous faites mal. Il y a une différence entre l’inconfort et la douleur. Lorsque la douleur augmente, les muscles ne peuvent se renforcer parce qu’ils sont occupés à se protéger contre un traumatisme perçu. Si l’exercice prescrit est adéquat, l’intensité de la douleur ne change pas ou diminue à la fin de l’activité.
La douleur peut s’accentuer plus tard au cours de la journée, mais elle s’atténuera de nouveau si vous répétez les mêmes mouvement le lendemain.
Principe 2 :
Afin d’améliorer sa condition physique, il faut s’entraîner à une certaine intensité ou atteindre un certain niveau d’activité. La plupart des athlètes évaluent l’intensité de leur séance d’entraînement en prenant leur pouls. Habituellement, s’il s’établit entre 110 et 140 battements à la minute, le corps travaille fort mais sans excès. Même les personnes qui ne sont pas en bonne condition physique peuvent maintenir ce rythme sans danger pendant des périodes de 30 à 60 minutes par séance.
En Angleterre, la recherche a démontré que les personnes qui vivent avec une douleur chronique pouvaient atténuer leurs symptômes en faisant plus de 7 000 pas par jour selon leur podomètre. Au début du projet de recherche, les participants en faisaient environ 3 000 seulement.
Pour produire des améliorations quantifiables, il faut habituellement compter sur des outils objectifs (pouls ou nombre de pas par jour, par exemple) plutôt que sur des perceptions.
Principe 3 :
Si vous faites la bonne chose, vous devriez constater des résultats immédiats même s’ils sont temporaires. Ou bien la douleur s’atténue immédiatement après l’exercice, même pendant une brève période, ou bien vous pourrez constater des changements au niveau de la mobilité ou de la force.
Votre physiothérapeute peut vous aider à choisir les meilleurs exercices et à quantifier les résultats.
Auteur
Dominique Gilbert est clinicienne spécialisée en physiothérapie et en sciences de la douleur. Elle travaille avec des clients qui vivent avec une douleur chronique de l’appareil locomoteur et fournit des services de témoin expert à différents échelons administratifs et judiciaires.
L’Association canadienne de physiothérapie (ACP) représente les physiothérapeutes, assistants-physiothérapeutes et étudiants en physiothérapie du Canada. Les membres de l’ACP sont des professionnels de la réadaptation voués à la santé, à la mobilité et à la condition physique des Canadiens.
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