Comment la physio a changé ma vie – un parcours vers la guérison


Le point de vue d’une patiente

Je me souviens du jour où je me suis déchiré le ligament cruciforme antérieur (LCA) comme si c’était hier. C’était mon anniversaire et un magnifique samedi de septembre. J’avais également quitté mon emploi de rêve la veille pour entamer une maîtrise, et mon équipe de soccer récréatif mixte et moi jouions notre dernière partie de l’année.

La fin de la partie approchait quand j’ai arrêté le lancer vigoureux d’un joueur de l’équipe adverse. J’ai ressenti un « pop » et une douleur qui m’a jetée au sol.

Je ne suis pas une joueuse délicate. Quand mes coéquipiers m’ont entendue crier, ils savaient que quelque chose n’allait pas. On m’a aidée à me rendre sur le bord du terrain, et on a appelé mon copain pour qu’il vienne me cherche. Quand il est arrivé, j’avais moins mal, mais j’étais toujours incapable de marcher. Il m’a donc amenée à l’urgence. Après huit heures d’attente, j’ai subi une radiographie et j’ai vu un médecin qui m’a dit que c’était probablement une entorse. Pendant que nous nous préparions à partir, il m’a suggéré de voir un spécialiste des blessures sportives le lundi suivant pour confirmer le diagnostic. C’est ce que j’ai fait.

Je commençais tout juste à étudier à l’université Carleton qui, heureusement pour moi, était dotée d’une clinique sportive réputée comptant sur un chirurgien du genou hautement qualifié. Mon rendez-vous a duré une dizaine de minutes. Après avoir pris quelques mesures, le médecin m’a annoncé qu’il s’agissait d’une déchirure complète du LCA et que j’aurais besoin d’être opérée. C’était un simple diagnostic clinique, mais j’ai eu l’impression que tout mon monde s’écroulait. Je venais tout juste de perdre mon assurance maladie complémentaire, j’étais « sans emploi », je recommençais l’école et j’avais juste assez d’économies pour passer l’année scolaire. Je ne savais pas comment je m’en tirerais avec une opération et une convalescence en plus de tous les autres changements dans ma vie.

 

Le parcours vers la guérison

Les larmes aux yeux, je me suis rendue à la clinique de physiothérapie au bout du corridor, où j’ai entrepris mon parcours pour retrouver ma force physique. La réceptionniste m’a gentiment placée entre deux rendez-vous avec Terry, qui est devenu non seulement mon physiothérapeute, mais mon coach de vie. Je l’ai rencontré dans un état de complète vulnérabilité et de peur, et il m’a fait retrouver ma confiance de compétitrice dans le sport et dans la vie.

Lors de mon premier rendez-vous, je me suis demandé pourquoi je n’avais pas vu Terry en premier, et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi le système oriente d’abord les patients vers un médecin ou une salle d’urgence plutôt que vers un physiothérapeute. Terry était plus axé sur les patients que les médecins que j’avais rencontrés. C’est lui qui m’a aidée à comprendre ma blessure et comment m’en remettre. Il a pris le temps de m’expliquer les éléments fondamentaux de mon diagnostic, en commençant par me dire ce qu’est un LCA, à quoi il sert, le degré de lésion qui justifie une opération et l’importance de retrouver la force avant l’opération. Il m’a également aidée à vaincre la peur de la douleur et de me blesser de nouveau, ce qui serait un jalon vers la pleine guérison.

Pour ce qui est du traitement, il fallait d’abord que je cesse d’utiliser mes béquilles, et il m’a donné trois jours pour le faire. Je pensais qu’il était fou, mais par des mouvements et des étirements, j’ai commencé à retrouver ma confiance, et j’ai aussi pu retrouver de la force. J’ai pris sa prescription de rétablissement au sérieux et beaucoup travaillé pour parvenir à ce qui me semblait une réussite minime. Nous avons commencé par des rendez-vous réguliers, mais à mesure que je réalisais mes objectifs, il m’a encouragée à poursuivre mes exercices d’entraînement musculaire seule jusqu’à l’opération.

Je me suis fait opérer près de cinq mois après ma blessure. Jusque-là, je pensais que j’avais vécu le pire, mais je ne m’attendais pas aux effets de l’opération sur mon organisme. Je souffrais davantage et j’ai sombré dans la dépression parce que j’étais incapable de faire les activités que je tenais pour acquises. J’ai toujours été active, et j’ai été dévastée de ne plus pouvoir marcher. Chaque tâche physique était un défi, auquel se sont ajoutées les complications de l’opération qui ont entraîné une accumulation de tissus cicatriciels.

Quand j’y repense, je n’étais pas une très bonne patiente après l’opération. J’avais tellement peur de la douleur que j’avais de la difficulté à respecter les conseils professionnels de Terry. Mais il ne m’a pas laissée tomber. Il avait l’intention de ne plus jamais me revoir, et je ne voulais pas le décevoir. Il a fallu du temps, mais il m’a aidée à affronter beaucoup de douleur et m’a motivée à faire des choses que je croyais ne plus jamais pouvoir effectuer.

 

Trouver le bon professionnel de la santé pour le traitement

Mon expérience avec Terry a modifié ma perception du système de santé canadien. Je crois maintenant à l’importance de trouver le professionnel de la santé qui convient le mieux pour le traitement, et non à aller à l’urgence pour obtenir un diagnostic « rapide ». J’ai également un point de vue plus réaliste de la question des temps d’attente avant l’opération. D’après mon expérience, je comprends qu’une opération n’est pas un moyen de régler rapidement un problème, mais que les patients doivent prendre le temps de retrouver la force et la stabilité pour se préparer à l’opération. Enfin, j’ai pu mieux comprendre la signification de m’approprier ma santé et ma convalescence. Il était difficile (physiquement et mentalement) de me rendre au centre sportif à six heures du matin pour m’asseoir sur un vélo et faire mes exercices et mes étirements, mais je l’ai fait parce que c’est la seule chose qui m’aidait à me sentir mieux. Ainsi, onze mois après ma blessure, j’avais recommencé à jouer au soccer, à courir, à faire du vélo et à être aussi active que jamais.

Près de dix ans plus tard, je suis plus forte et en meilleure forme qu’à 25 ans. Je n’ai pas porté d’orthèse depuis plus de cinq ans et j’ai commencé à me lancer de nouveaux défis. Terry m’a orientée vers une trajectoire de vie axée sur la force et le conditionnement pour prévenir les blessures. Je ne suis pas une athlète d’élite, mais je m’occupe de moi, je m’entraîne intelligemment et je continue d’utiliser les connaissances que m’a données Terry pour demeurer active et en santé. Je n’ai pas revu Terry depuis le printemps 2005, mais je pense toujours à lui avec affection, parce que je sais qu’il a changé ma vie.

 

Auteur

Kate O’Connor

 

Photo

Joshua Hoehne

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